La lune brillait dans le ciel de Brooklyn et les étoiles tentaient tant bien que mal de la surpasser, illuminant le ciel et la rue bordant le centre commerciale. J’avais besoin de prendre l’air après avoir passé une journée entière avec ma famille. Une journée dont je me serais bien passé, car toute cette attention autour de moi commençait à peser. Ils étaient tous resté encore sur l’épisode Jasper, sur ma dépression et autre, alors que je recommençais à prendre ma vie en main, à oublier lentement ce que j’avais vécu, à effacer les points les plus sombres de mon existence. Mais à chaque fois que nous nous voyons tous ensemble, tout me revenait sous forme de flashs, de visions dans le passé. Et je le supportais de moins en moins. Allait il falloir que j’évite de les voir un temps ? Cela me fendrait le cœur, mais si s’était la seule solution alors je le ferais pour mon bien et pour le leur. Car à force de se soucier de moi, ils en oublient leurs propres problèmes bien plus minime et surtout qui ne me touchaient pas.

Remontant mon sac sur l’épaule, après avoir soupirée, je tournais dans une ruelle à gauche là où se trouvait un petit magasin de chaussures dans le renfoncement et qui d’après mes souvenirs se terminait en cul de sac. J’avançais lentement sous la faible lueur des lampadaires jusqu’à arriver à quelques pas de la boutique. Certes, il était tard, mais le propriétaire restait toujours ouvert vers 1h du matin et je ne saurais dire pourquoi, mais en tout cas, c’était une aubaine pour moi, surtout que j’adorais ses chaussures qui sortaient tout droit de son imagination. Mais plus j’approchais, plus je me rendis compte, que quelque chose n’allait pas. Les lumières de la boutique avaient l’air éteinte et l’atmosphère semblait très lourde. Et soudainement j’entendis un bruit. Un coup, suivis d’un gémissement ou je ne sais quoi, qui me figeais sur place. Laissant tomber mon sac à main, je me précipitais vers la porte, et je cassais la poignet pour entrer dedans. Je me mise à chercher la provenance de ces sons et je tombais sur une silhouette tapis dans l’ombre et de dos, retenant surement un homme, la tête coincé dans ses bras.

- On ne bouge plus !

Je n’avais pas peur, loin de là car je savais me défendre, et surtout si c’était des humains, ils n’avaient aucune chance contre moi. Mais lorsque l’homme se retourna avec son prisonnier, je cru que mon cœur pourtant mort allait s’arracher de ma poitrine. Je restais tétaniser devant cette vision, ce fait que j’étais loin d’imaginer possible. L’homme bloqué, qui se débattait était le propriétaire et son regard paniqué et effrayé, me cloua sur place. « à l’aide » avait il soufflait avec le peu d’air qui lui restait. Mais je ne pus faire un seul geste, tellement ce que je voyais me tétaniser. Jamais j’aurais pensé le retrouver ici, surtout pas dans cette ville, cette partie du monde alors qu’il existe des centaines de pays. Jamais je n’aurais pensé le revoir un jour surtout après tout ce qu’on avait vécu et pourtant il était là. Il était bel et bien là devant moi, en train d’achever son repas. Et cette personne, c’était Jasper.

- Lâche-le.

Lui avais je soufflé. Puis le mépris s’empara de moi et la colère me submergea.

- Lâche-le tout de suite, où c’est moi qui t’achève.

Je le regardais les yeux sombres, avec une telle haine que j’en tremblais presque. Il me devait tant d’explications, tant d’excuses que je ne sais même pas si je pourrais les entendre et si j’en aurais le courage après tout ce que j’avais traversé.

J’étais devenu un Edward, une Rosalie. Non, pas elle - celle qui avait été ma jumelle était plus blanche que moi, elle qui n’avait tué dans le seul but de se venger, elle qui n’avait jamais goûté l’ultime plaisir... Edward, cependant, oui. Lui qui s’était rebellé et qui avait cédé à la tentation. Inutile d’essayer de résister au sang. J’étais en hypnose devant lui et il me semblait impossible de pouvoir un jour prendre un vulgaire animal comme repas. Cependant, je faisais de même que mon frère - car je le considérais encore comme tel. Les malfrats, les bandits, les tueurs et non pas les innocents. J’étais justicier, j’épargnais les victimes et étais le bourreau des bourreaux. Aucune de mes proies récentes n’avait été un enfant de coeur. Cela me permettait de me sentir mieux, mon don me posant toujours des problèmes. Je ressentais sa peur ? Je me rappelais celle de l’âme qu’il avait brisée et le tour était joué.

Brooklyn. Bien moins dangereuse que Manhattan, SoHo ou l’Upper East Side. Pourtant, quelques personnes malintentionnées se promenaient dans le coin et j’avais bien l’intention de purgé la ville. C’était plus facile de laisser les émotions m’assaillir et de me tourner vers l’endroit où la terreur la plus tangible résonnait. J’y couru ; si vite que nul ne me vit. Une seconde plus tard, j’étais sur le lieu de l’action. Un homme penché sur un jeune garçon dénudé. Les larmes coulaient sur son visage, mais le vendeur n’y faisait pas attention. Je grognai et tous deux se tournèrent, le visage déconfit.

- Part mon petit. Cours.
- Vous êtes.. Un ange ?
- Ton ange, mon petit. Cours.

Il partit et je me tournai de nouveau vers mon pédophile de repas. La haine grandissait en moi, mais lui était si effrayé que la compassion essaya de s’infiltrer en moi. Non, non, jamais. Tuer, déchirer, prendre. J’étais tueur, félin, roi parmi les hommes. Tueur. Mes mains froides se portèrent sur lui et je me penchai vers sa gorge si alléchante... La mienne n’était plus que désert. Le bien-être serait imminent. Mais il y eut ce bruit, ce parfum, et cette voix, cette voix.

Alice. Mon Alice. Ma lutine retrouvée, mon bonheur sans fin. Je la regardai, un grand sourire aux lèvres, prêt à la soutenir et à rire avec elle des heures durant. Je voulais ma vie d’avant, celle où un seul regard pouvait nous contenter. Quand un simple coup d’oeil était plus intime que n’importe quel baiser. Je voulais mon Alice. Son visage parfait, cependant, était brisé, douloureux, et je m’écroulai sous la force de son désespoir. Ma victime partit, la jeune Cullen inconsciente du danger qu’il représenterait maintenant. Du danger qu’il représentait avant.

- Ce n’est pas ce que tu crois, Alice, Alice mon amour.

Si j’avais pu pleurer, en cet instant, le torrent de mes larmes aurait inondé mon visage. Je n’en ressentais aucune honte.

- Il viole, Alice. Il est mauvais - moi aussi, je le sais. Mais Alice, j’essaie, j’essaie si fort, pour toi ma belle aimée. Je ne me nourris plus d’innocents, seulement des gens qui commettent des crimes odieux, les plus odieux du monde... Et un jour je serai de nouveau Jasper Hale. Je le suis toujours non ? Je le suis toujours.

En parlant, je m’étais approché d’elle, hésitant à la toucher. J’avais besoin de ce contact mais je savais aussi que si elle s’éloignait, j’en mourrais. Sans elle, la vie ne valait guère d’être vécue.

- Alice, pardonne moi je t’en prie. Pardonne moi...